Nancy Black

Professeure agrégée au Département de génie mécanique et spécialiste en ergonomie

L’ergonomie, une discipline en pleine effervescence

L’ergonomie, vous connaissez? En tout cas, s’il y a un secteur d’activités qui a connu un regain d’intérêt au cours des derniers mois, c’est bien celui-ci, alors que la pandémie a considérablement bouleversé nos habitudes de vie et que le télétravail est devenu une réalité pour plusieurs d’entre nous.

L’Association canadienne d’ergonomie définit l'ergonomie comme la discipline scientifique qui vise la compréhension fondamentale des interactions entre les êtres humains et les autres composantes d'un système (environnement, personnes et objets) afin d’optimiser le mieux-être des personnes et la performance globale des systèmes. En matière de santé et de sécurité au travail, le « système » correspond au milieu de travail. L’ergonomie touche l’étude des données biologiques et technologiques qui permettent l’adaptation entre l’humain et les machines ou les objets.

La professeure Nancy Black du Département de génie mécanique est une spécialiste de l’ergonomie. Elle a commencé sa carrière professorale à la Faculté d’ingénierie de l’Université de Moncton, en 1994. Depuis quelques années, elle enseigne aussi un module d’ergonomie à l’Institut universitaire de technologie de Bordeaux. Conférencière prisée, elle compte à son actif plusieurs publications.

Quand on pense au génie mécanique, on a plutôt tendance à imaginer des moteurs, des turbines, des robots. « Moi, je m’intéresse à la mécanique des corps », explique-t-elle avec son enthousiasme contagieux. Mes recherches en ergonomie favorisent l’avancement des connaissances pour adapter les méthodes et les outils de travail de façon à optimiser le mieux-être physique et mental des personnes. »

L’évaluation des facteurs de risques de troubles musculosquelettiques, la biomécanique et l'analyse de mouvement des membres supérieurs, et les adaptations du travail pour les personnes avec incapacités physiques sont ses domaines de prédilection.

« En raison de l’augmentation de l’usage des ordinateurs, la nature sédentaire du travail a aussi augmenté et avec elle les tensions musculaires qui peuvent engendrer des troubles musculosquelettiques à moyen terme, explique la professeure-chercheure. Les recherches en ergonomie démontrent que des mouvements réguliers en amples sont nécessaires au moins toutes les trente minutes. » Y a-t-il une meilleure position à privilégier? « La meilleure posture est la prochaine posture, souligne-t-elle. Il faut bouger et éviter d’être dans la même position trop longtemps. »

Dans ses recherches actuelles, la professeure-chercheure s’intéresse à l’incidence des postes de travail bureautique et des technologies portables sur les risques de troubles musculosquelettiques dans les milieux sédentaires à forte intensité informatique. Elle cherche, notamment, à analyser les variations posturales et l’inconfort des personnes qui travaillent à des postes assis et debout-assis pour déterminer les indices qui permettront de prévenir les inconforts, et assurer une productivité et une motivation maintenue au travail. Ces facteurs peuvent varier selon la personne en fonction de ses habitudes et de ses priorités. Une bonne partie de son travail de collecte de données se déroule au Laboratoire d’ergonomie et de biomécanique de la Faculté d’ingénierie, équipé pour soutenir l’évaluation de différents aspects ergonomiques de la personne au travail. S’ajoutent à cela des mesures in situ grâce aux équipements peu encombrants, dont ce laboratoire dispose.

Nancy Black cherche à analyser les variations posturales et l’inconfort des personnes qui travaillent à des postes assis et debout-assis.

Ergonomie et pandémie

Depuis l’éclosion de la COVID-19, nous avons été nombreuses et nombreux à déserter nos bureaux pour travailler à domicile, dans des conditions, avouons-le, pas toujours optimales.

« Le travail à l’ordinateur peut être absorbant et il importe de bouger et de varier vos positions, soutient la professeure Black. Il est très important de s’attarder à l’aménagement ergonomique de notre nouveau bureau improvisé et de prendre des pauses de façon régulière pour éviter les blessures. Nos postes de travail improvisés ne sont pas conçus pour une journée complète de travail, raison pour laquelle il pourrait y avoir des conséquences néfastes à moyen et long terme sur notre santé physique et mentale. »

Selon Nancy Black, les troubles musculosquelettiques se développent lentement et il faut parfois attendre plus de six mois pour évaluer l’incidence d’un espace de travail mal adapté, d’où l’importance d’adopter de bonnes habitudes.

Citée dans le New York Times

Dans le contexte de la pandémie et de l’augmentation du télétravail, Nancy Black a été beaucoup sollicitée par les médias pour commenter sur différents aspects de cette nouvelle réalité, notamment par le prestigieux New York Times. « J’ai été très surprise lorsque la journaliste américaine m’a contactée et j’avoue que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une blague. L’expérience a été très positive et l’entretien virtuel a été très agréable. » Elle a aussi participé à l’émission Les années lumière sur les ondes d’Ici Radio-Canada Première.

S’il est vrai que l’ergonomie est actuellement un concept très populaire en milieu de travail, il ne faudrait pas croire qu’elle n’est qu’une tendance. Ses bienfaits sont étayés par de plus en plus d’études scientifiques et la professeure Black est heureuse de contribuer à ce secteur en pleine effervescence.

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