Dʳᵉ Nicole LeBlanc

ORDRE DU MÉRITE

Dʳᵉ Nicole LeBlanc

D.S.S. 1989
Lauréate de l'Ordre du mérite 2019


Pédiatre au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont de Moncton et médecin-chef régional au Réseau de santé Vitalité, Dʳᵉ Nicole LeBlanc se distingue par son leadership collaboratif inspirant et son engagement professionnel et communautaire. Elle est membre fondatrice et directrice médicale du Centre d’excellence en trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale du Nouveau-Brunswick (TSAF), créé en 2012, et reconnue pour sa pratique exemplaire à l’échelle canadienne. Ce centre offre des services de prévention, de diagnostic, d’intervention, de soutien et de suivi post-clinique aux familles et aux professionnels travaillant avec les personnes du Nouveau-Brunswick qui sont atteintes de TSAF.


Croyant fermement dans l’implication communautaire, Dʳᵉ Nicole LeBlanc est passionnée par le développement de programmes interdisciplinaires centrés sur les besoins des individus, de leur famille et de leur communauté ainsi que par les processus d’amélioration continue de la qualité.

Quand avez-vous su que vous vouliez devenir médecin?

La médecine, pour moi, c’est un parcours de vie. Je suis née avec une malformation au niveau de ma hanche. Toute petite, j’ai passé de nombreux séjours dans les hôpitaux, dont l’hôpital Sainte-Justine de Montréal. J’ai subi de multiples chirurgies. Dans le plâtre du cou aux orteils pendant plusieurs mois. Puis, à l’âge de treize ans, lorsque je suis sortie de l’hôpital après ma dernière chirurgie, j’ai décidé que j’allais devenir pédiatre afin de dédramatiser la pédiatrie. Cette expérience de vie s’est transformée en vocation pour moi. Les enfants, les sciences et la biologie ont toujours été des champs d’intérêt lorsque je grandissais, alors la pédiatrie était comme tracée dans mes étoiles.

Vous êtes pédiatre depuis près de 25 ans. Quels sont les changements que vous avez pu constater dans ce secteur depuis vos débuts?

Le secteur de la pédiatrie a beaucoup évolué, notamment par l’influence de la féminisation de la médecine, je crois. J’ai été la première femme pédiatre francophone au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont qui a décidé de s’installer en permanence dans la région. Lorsque je suis arrivée, on m’a donné comme mandat de développer le département de pédiatrie et j’ai reçu beaucoup de soutien pour le faire. C’est ainsi qu’on a réussi à évoluer vers un modèle de prestation de soins différent. Il était important pour moi de développer un département de pédiatrie qui visait l’excellence, mais en préconisant une approche axée sur l’interdisciplinarité et centrée sur l’enfant, sa famille et leurs besoins.

Pour moi, être pédiatre ce n’est pas juste être dans un bureau et voir des patients; c’est aussi travailler avec d’autres professionnels de la santé, de l’éducation et de la collectivité. Je trouve qu’il est important d’associer le patient et sa famille au processus de guérison afin de favoriser une approche plus globale. Il est essentiel pour moi de comprendre et de soutenir le contexte socioéconomique, familial et communautaire dans lequel vit l’enfant afin de voir à l’optimisation du potentiel, de la santé et du mieux-être de ce dernier. Ceci m’a permis au fil des années de créer plusieurs programmes et cliniques spécialisés en pédiatrie, que ce soit le programme d’oncologie pédiatrique, le programme pour les enfants diabétiques, le programme provincial de phénylcétonurie, la clinique de troubles d’apprentissage, la clinique jeunesse MotivAction, ou encore notre Centre d’excellence en trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale du Nouveau-Brunswick. Le département de pédiatrie du CHU Dr‑Georges-L.-Dumont a été avant-gardiste à bien des égards et aujourd’hui on est devenu une référence grâce à ces programmes interdisciplinaires.

Vous avez fait du soin des enfants votre cheval de bataille. De quoi êtes-vous le plus fière en rétrospective?
Je crois que ce dont je suis le plus fière, c’est d’être restée fidèle à ma philosophie qui est de viser l’excellence en matière de soins, tout en restant connectée à la dimension humaine.

Pour moi, c’est un grand privilège et aussi une énorme responsabilité de pouvoir accompagner et soutenir mes patients et leur famille vers le rétablissement, le mieux‑être. Mettre l’humain au centre de la pratique médicale et des soins offerts est une valeur qui guide mes actions, tant dans mon rôle de pédiatre, de directrice médicale du Centre d’excellence du TSAF que dans celui de médecin-chef du Réseau de santé Vitalité.

Vous avez été l’une des membres fondatrices et directrice médicale du Centre d’excellence en trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale du Nouveau-Brunswick dont vous assurez toujours le leadership. Parlez-nous de cette réalisation?

C’est une de mes grandes réalisations sur le plan professionnel et une grande fierté pour moi. Je dois avouer que c’est un heureux concours de circonstances qui a mené à l’établissement de ce centre. Je n’avais pas planifié devenir experte en alcoolisation fœtale. J’ai toujours eu une soif de participation communautaire et dès mon arrivée à Moncton, comme jeune pédiatre, je me suis engagée pleinement en étant à l’écoute des besoins de ma collectivité et des populations fragilisées.

À mes débuts de pratique, il n’y avait que très peu de ressources pour le TSAF à l’est du Canada, pour ne pas dire aucune. C’est une population fragilisée par le jugement et la désinformation. Les membres de cette population étaient très mal identifiés et aucune intervention en lien avec leur condition ne leur était offerte. Constatant la disparité entre les ressources de l’ouest et de l’est du pays, je me suis sentie interpellée. Ce fut le début pour moi d’une belle aventure, la découverte d’un nouveau champ d’intérêt et l’acquisition d’une nouvelle expertise. C’est de là qu’est née l’idée du Centre d’excellence en trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale du Nouveau-Brunswick. Le projet est devenu réalité grâce à un formidable travail d’équipe et de collaboration avec de nombreux partenaires dévoués. Sept ans après sa création, le programme est maintenant bien rodé et il jouit d’une belle réputation nationale et internationale. Le Centre vient d’être reconnu à l’échelle canadienne pour sa pratique exemplaire par Agrément Canada et j’en suis très fière.

Qu’est-ce qui vous motive?

Mes patients… et leurs histoires de résilience dans l’adversité de la maladie. L’être humain a une capacité exceptionnelle de surmonter les plus grandes épreuves et les enfants sont des modèles en matière de résilience. Si leur entourage est à l’écoute et en soutien à leurs besoins, les enfants ont une capacité surprenante de surpasser nos attentes. C’est pour cela que j’ai toujours élaboré mes projets en puisant sur la force de la collectivité en soutien aux besoins de l’enfant et en visant l’excellence. Je crois fermement que nos enfants et notre population ont le droit à la même qualité de soins que dans n’importe quel grand centre du pays. Je déploie tous les efforts possibles pour créer des cadres de pratique qui sont guidés par les meilleures pratiques et les données probantes afin d’offrir des services et des soins de la plus haute qualité. Maintenant, comme médecin-chef du Réseau de santé Vitalité, mes responsabilités sont plus élargies, mais je fais un effort conscient de toujours me laisser guider par le patient et son expérience.

Vous avez une vie professionnelle bien remplie, mais vous trouvez toujours du temps pour vous engager au sein de votre collectivité. C’est un aspect important?

Oui et ça vient de loin. Mes deux parents étaient des personnes très engagées socialement. Ils redonnaient beaucoup à leur collectivité. J’ai grandi avec ces valeurs qui ont teinté mon parcours. Très souvent, les projets dans lesquels je m’investis touchent le mieux-être, la santé, les enfants et les adolescents, mes domaines de prédilection. L’engagement communautaire, c’est donnant-donnant comme formule. On donne, mais on reçoit beaucoup. J’ai grandi personnellement et professionnellement en étant active dans ma collectivité.

Quels souvenirs gardez-vous de vos années d’études à l’Université?

La Rotonde, les soirées tardives à la bibliothèque, le festival d’entrée pour lequel j’ai travaillé et les liens d’amitié que j’ai créés. Mais j’ai du mal à en parler au passé, car il me semble que l’Université de Moncton est encore très présente dans ma vie. Je me retrouve souvent sur le campus de Moncton, que ce soit pour enseigner au Centre de formation médicale ou encore pour des activités familiales.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours su que je fréquenterais l’institution. C’était une évidence. Mes deux parents y travaillaient. Ma mère a enseigné au programme d’études familiales et mon père, après avoir été au recrutement étudiant, a été conseiller en orientation. Quand j’étais petite, j’accompagnais souvent mes parents quand ils allaient au travail les fins de semaine. Mes parents ont réussi à créer chez moi un sentiment d’appartenance profond à l’Université de Moncton.

L’Université de Moncton a toujours été mon université. Elle fait partie de mon ADN, de mon identité, de qui je suis comme Acadienne. J’en suis très fière et j’y suis très attachée.

L’Université de Moncton a toujours été mon université. Elle fait partie de mon ADN, de mon identité, de qui je suis comme Acadienne. J’en suis très fière et j’y suis très attachée.

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