NICOLAS LECOMTE

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada

en écologie polaire et boréale

Alors que l’été est à nos portes et que la plupart d’entre nous rêvent de plages ensoleillées et de douce chaleur, le professeur-chercheur Nicolas Lecomte, lui, rêve plutôt de territoires nordiques, de banquise et de toundra.

« Dès que la neige commence à fondre à Moncton, j’ai hâte de retrouver nos terrains de suivi écologique situés dans le Grand Nord canadien. L’un de nos camps a des conditions de plage, mais il est couvert par la banquise jusqu’à la fin juillet », explique le professeur au Département de biologie du campus de Moncton, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie polaire et boréale depuis 2014.

Les principaux terrains de suivi du chercheur sont situés au Nunavut. L’un des sites se trouve sur l'île Bylot, qui fait partie du parc national de Sirmilik dans le haut arctique canadien et le second se trouve à Igloolik, une autre île à la pointe nord du bassin Foxe, entre le continent et l’île de Baffin.

Suivre les répercussions des changements écosystémiques

Dans le cadre de la Chaire de recherche du Canada en écologie polaire et boréale, que dirige le professeur Lecomte, on examine la dynamique des écosystèmes terrestres dans ces zones critiques et tente de détecter les changements qui s’y produisent en menant des études à court et à long terme, ainsi que des études à grande échelle spatiale. Afin de mesurer l’empreinte des changements, l’équipe de la chaire a mis en place des suivis d'écosystèmes clés et d’importantes espèces, comme les oiseaux de rivages, les caribous, les renards arctiques, les harfangs des neiges, les ours blancs, les faucons pèlerins ou encore les buses pattues.

Au sein de la chaire, le chercheur s’intéresse plus spécifiquement aux voies de migration et aux changements phénologiques (relatifs à l’influence des climats sur les phénomènes périodiques de la vie animale) des oiseaux nicheurs de l'Arctique ainsi qu’à la structure et à la dynamique des populations de prédateurs arctiques et de leurs proies. Il travaille également à la conception de méthodes acoustiques pour identifier les espèces d'oiseaux et il mène des travaux en intelligence artificielle appliquée à l'écologie, ce qui a permis une belle collaboration avec le Département informatique de l’Université de Moncton.

Une région bouleversée par les changements climatiques

Les écosystèmes polaires et boréaux connaissent des bouleversements sans précédent en raison des changements climatiques.

« C’est dans l’Arctique qu’on observe le plus grand et le plus rapide réchauffement climatique, explique Nicolas Lecomte. Le phénomène y est amplifié parce que l’écosystème de cette région est particulièrement fragile. Il se trouve déjà à la limite de ses capacités de résistance aux changements. Les travaux de recherche qui sont effectués dans l’Arctique sont éclairants pour ce qui s’en vient ici dans le sud du Canada, comme au Nouveau-Brunswick. »

Selon le chercheur, les changements climatiques dans l’Arctique n’auront pas seulement un impact sur les populations et les écosystèmes locaux, mais sur l’ensemble de la planète. Ils toucheront le climat mondial, le niveau des océans, la biodiversité, et de nombreux aspects des systèmes socio-économiques et culturels.

« C’est dans l’Arctique qu’on observe le plus grand et le plus rapide réchauffement climatique, explique Nicolas Lecomte. Le phénomène y est amplifié parce que l’écosystème de cette région est particulièrement fragile. Il se trouve déjà à la limite de ses capacités de résistance aux changements. Les travaux de recherche qui sont effectués dans l’Arctique sont éclairants pour ce qui s’en vient ici dans le sud du Canada, comme au Nouveau-Brunswick. »

Nicolas Lecomte

Un parcours impressionnant

Très prolifique, Nicolas Lecomte compte de nombreuses publications arbitrées, en plus d’être un conférencier recherché. En avril dernier, notamment, il a fait une présentation par visioconférence sur l’état de ses recherches à un groupe de l’Université Harvard.

Il faut dire que l’Arctique et l’Antarctique sont des régions qu’il fréquente depuis près de 25 ans. Diplômé de l’Université Pierre et Marie Curie - Paris 6, il détient une maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats de l’Université du Québec à Rimouski et un Ph. D. en biologie de l’Université Laval. Il a également effectué un diplôme postdoctoral à l’Université de Tromsø dans le Grand Nord norvégien. Nicolas a travaillé comme biologiste en Antarctique pour l’Institut polaire français, au Nunavut pour Environnement Canada ainsi que pour le gouvernement du Territoire et en Norvège pour le Norwegian Polar Institute.

Pas surprenant que le chercheur possède un vaste réseau de collaboratrices et collaborateurs, non seulement au Canada, mais aussi en Norvège, au Danemark, aux États-Unis, en Allemagne, en Islande, au Royaume-Uni et en France. Il se réjouit également de superviser et co-superviser les travaux scientifiques de plusieurs étudiantes et étudiants de l’Université de Moncton et d’autres universités du monde.

La recherche en temps de pandémie

Chaque année, de la fin mai au début août, le professeur Lecomte se déplace en Arctique pour ses activités de suivis écologiques, mais COVID-19 oblige, il n’a pu faire de terrain dans le Nord canadien depuis plus d’une année.

« Il faut s’adapter à la situation et comprendre que cela fait partie de nos nouveaux défis. On avait tendance à tenir pour acquis que les déplacements étaient faciles. C’est un problème pour nos suivis qui sont cruciaux pour comprendre les grandes tendances et les impacts des changements climatiques, mais aussi dans notre travail de formation auprès des communautés nordiques qui est central à nos travaux. »

Il explique que les progrès technologiques ont révolutionné la recherche sur la faune et que malgré l’accès restreint aux territoires, les équipes ont pu effectuer certains suivis grâce à des systèmes automatisés, qu’il s’agisse de caméras automatiques pour voir quand les oiseaux arrivent et partent, des sondes de températures dans les nids pour reconstituer l’incubation, des enregistreurs acoustiques pour étudier les espèces à partir de leurs signaux auditifs et connaître l’intensité de leurs activités.

Suivi de la biodiversité au parc national Kouchibouguac

Bien que les principales activités de recherche soient menées dans le Grand Nord, Nicolas Lecomte et son équipe collaborent avec Parcs Canada depuis plusieurs années pour effectuer un suivi de la biodiversité dans le parc Kouchibouguac avec un accent particulier sur la colonie de sternes qui s’y trouve, la plus importante au Canada et la deuxième en importance en Amérique du Nord. Or, malgré la pandémie, ce travail a pu se poursuivre l’été dernier grâce à la mise en place de nouveaux protocoles de recherche.

Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada a renouvelé le financement de la Chaire de recherche du Canada en écologie polaire et boréale jusqu’en 2023. Souhaitons à Nicolas Lecomte et à son équipe de pouvoir retrouver leurs terrains de prédilection bientôt pour faire progresser les connaissances sur cet enjeu planétaire que constituent les changements climatiques.

Partagez cette nouvelle