
Pour mieux comprendre le vieillissement et la longévité
Depuis la nuit des temps, l’humanité s’intéresse au vieillissement et, plus particulièrement, aux moyens de le ralentir pour améliorer la longévité. La toute nouvelle Chaire de recherche en médecine de précision de l’Université de Moncton, dirigée par le professeur Louis R. Lapierre (B. Sc. 2000), applique quant à elle des technologies de pointe pour mieux comprendre le vieillissement et la longévité au niveau cellulaire.
« Dans mon laboratoire, nous utilisons des méthodes génétique, biochimique et microscopique pour comprendre le vieillissement. Le vieillissement est un sujet d’actualité qui nous affecte tous. La Chaire de recherche en médecine de précision permet à mon équipe de développer une meilleure compréhension du mécanisme du vieillissement relié au partitionnement des protéines dans les cellules », explique le titulaire de la chaire, le professeur Lapierre, qui y a établi son laboratoire en septembre 2022.
Un parcours scientifique inspirant

Ce chercheur s’intéresse à de telles problématiques depuis le début de sa carrière qui a commencé par un baccalauréat en biochimie à l’Université de Moncton. Il a obtenu un doctorat en biochimie à l’Université Dalhousie, en plus d’avoir complété un stage postdoctoral au Sanford-Burnham-Prebys Medical Discovery Institute à La Jolla, en Californie où il a étudié les mécanismes liés au vieillissement des cellules comme l’autophagie, un processus de réjuvénation cellulaire. Le professeur Lapierre a ensuite établi son laboratoire financé par le National Institute on Aging à Brown University au Rhode Island aux États-Unis en 2015 avant d’être recruté par l’Université de Moncton pour mener cette nouvelle Chaire de recherche en médecine de précision.
Il rappelle que les protéines forment les unités qui fournissent différentes fonctions dans les cellules. « Lors du vieillissement, la fonction des protéines diminue et il y a beaucoup d’accumulation de protéines dysfonctionnelles et d’agrégats », note-t-il.
La maladie d’Alzheimer est d’ailleurs un exemple où l’accumulation de protéines dans les cellules a un impact majeur sur leur fonction et sur leur capacité de s’agréger.
« Dans différents contextes, la cellule va compartimentaliser certaines protéines pour la survie cellulaire. Ce sont ces types de compartimentalisation que nous étudions, en particulier le partitionnement entre le noyau et le cytoplasme de la cellule. C’est un processus qui est modulé par des karyophérines, et nous avons des médicaments qui peuvent les contrôler. »
Le contrôle du partitionnement des protéines permet ainsi de créer des conditions qui imitent les modèles de longévité. Son équipe de recherche a notamment découvert que l’inhibition d’une de ces karyophrines augmente la durée de vie dans des petits organismes comme le nématode (Caenorhabditis elegans) et la mouche à fruit (Drosophila melanogaster).
« Notre programme comporte un axe de recherche fondamentale où l’on travaille avec différents modèles cellulaires et organisme et un axe translationnel où l’on découvre de nouveaux composés qui modulent des mécanismes de vieillissement pour traiter des maladies reliées au vieillissement. »
Louis R. Lapierre
La médecine de précision : une approche audacieuse
Louis R. Lapierre s’intéresse également au rôle des gouttelettes lipidiques (organelle de stockage de gras) dans la cellule dans le processus de l’autophagie.
« Bien que l’accumulation de gras ne soit pas nécessairement bénéfique chez les humains, dans certains contextes cellulaires, les gouttelettes lipidiques jouent un rôle important dans la résistance au stress et la capacité autophagique », souligne-t-il en mentionnant un lien possible avec des cellules cancéreuses.
Visiblement passionné par ces sujets, Louis R. Lapierre est heureux que l’Université de Moncton se soit lancée dans un domaine de pointe comme la médecine de précision. Il attend avec impatience le moment où ses projets de recherche feront le saut de sa table de travail en laboratoire au lit de patientes et de patients atteints de maladies liées au vieillissement.
« La recherche en médecine de précision est un défi et un domaine relativement nouveau. Éventuellement, nous serons capables d’analyser et d’interpréter multiples biomarqueurs afin de déterminer le profil de patientes et de patient pour décider quelle thérapie est la meilleure. Le temps est venu de faire ce type de recherche et de positionner l’Université de Moncton stratégiquement dans ce domaine », conclut-il.
La générosité à l’œuvre
La Chaire de recherche en médecine de précision de l’Université de Moncton a été créée en septembre 2022 grâce à un financement de 1 million $ sur cinq ans de la Fondation de la recherche en santé du Nouveau-Brunswick et de la Fondation J.-Louis Lévesque.