RACHEL MAILLET (Bard)

B. en science infirmière 1979 M. ès arts en orientation 1987

Récipiendaire de

l'Ordre du mérite 2024

Originaire d’Edmundston, Rachel Maillet (Bard) a obtenu un premier diplôme en soins infirmiers en 1971 pour ensuite compléter, à l’Université de Moncton, un baccalauréat en science infirmière (1979) et une maîtrise ès arts en orientation (1987).

Elle a connu une longue et brillante carrière qui a contribué de façon importante à l’avancement de la profession d’infirmière, notamment dans le secteur de la santé mentale. Elle a participé à l’élaboration de programmes d’études en soins psychiatriques à l’Université de Moncton ainsi qu’à l’Université du Nouveau-Brunswick, ce qui l’a amené au domaine de la gestion dans une clinique communautaire de Moncton.

Rachel Maillet (Bard) a été directrice générale de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada de 2009 à 2014. Avant de diriger l’Association, elle a occupé plusieurs postes dans la haute fonction publique du Nouveau-Brunswick, notamment à titre de sous-ministre au ministère de l’Environnement, ainsi qu’au ministère de l’Éducation postsecondaire, de l’Emploi et du Travail. Elle a été sous-ministre adjointe au ministère de la Santé et au ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick. Elle a également été directrice générale du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick.

Très engagée au sein de sa communauté, elle a siégé, en 50 ans de carrière, au sein de nombreux conseils d’administration d’organismes provinciaux et nationaux, notamment à la Société Santé en français dont elle a été vice-présidente de 2002 à 2004 et présidente de 2005 à 2007.

Vous avez reçu au cours de votre carrière plusieurs distinctions honorifiques mettant en lumière vos réalisations professionnelles remarquables. Que représente pour vous l’Ordre du mérite de l’Université de Moncton?

C’est une belle reconnaissance. Je trouve cela touchant. Je ne m’y attendais pas et quand j’ai appris la nouvelle, j’ai été très touchée. C’est quand même un grand honneur d’être reconnue de son alma mater.

Vous avez fréquenté l’Université de Moncton et y avez obtenu deux diplômes. Comment votre parcours d’étudiante a-t-il influencé votre cheminement, vos succès dans votre carrière?

J’ai d’abord obtenu un diplôme en science infirmière, puis j’ai voulu acquérir de nouvelles compétences pour me spécialiser dans cette profession. Mon baccalauréat m'a donné des outils de base pour gérer n'importe quelle situation. J’ai voulu faire une maîtrise, car à l’époque, mon travail se faisait surtout du côté des enfants et j’avais l’impression qu’il me manquait certains outils. La maîtrise en éducation ès arts, mention orientation, même si je n'ai jamais pratiqué comme conseillère en orientation, m'a permis d’acquérir de nouvelles connaissances relatives au travail de groupe, à l'évaluation d'individus et au cheminement de carrière.

La perception générale de la profession d’infirmière est bien définie, mais vous avez démontré que les compétences infirmières peuvent être mises en valeur de différentes façons. Votre parcours professionnel sort de l’ordinaire. Qu’est-ce qui a guidé vos choix professionnels?

J'ai toujours travaillé avec l’idée d’être une infirmière de profession, mais je voulais pratiquer à l'extérieur des domaines traditionnels. Mon parcours, l'expérience et les occasions qui se sont présentées m’ont permis de travailler, dans un premier temps, comme infirmière dans le domaine clinique, puis à la coordination des programmes de formation en soins psychiatriques à l’Université du Nouveau-Brunswick et à l’Université de Moncton. Ensuite, je me suis engagée dans la gestion des soins de santé mentale à la clinique communautaire à Moncton. Ce fut une carrière progressive. J’ai œuvré vingt-cinq ou vingt-sept ans en santé mentale, puis dix ans au gouvernement du Nouveau-Brunswick et ensuite plus de cinq ans à Ottawa à la direction de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada. Les opportunités se sont présentées et je ne craignais pas les changements. Mes deux premières années sur le marché du travail ont été à l'hôpital psychiatrique de Campbellton, aujourd’hui le Centre hospitalier Restigouche. C’est à ce moment que j'ai réalisé que je ne fonctionnais pas pleinement dans le secteur hospitalier. Je me suis alors dit qu’il devait y avoir une autre façon d’aider les gens aux prises avec des problèmes de santé mentale et d’éviter leur entrée dans un établissement. À partir de ce moment-là, j’ai toujours travaillé en marge des systèmes formels, justement parce que je voulais toucher et aider les gens là où ils étaient.

Quand vous étiez étudiante, si on vous avait dit que vous alliez un jour devenir sous-ministre, vous l’auriez cru?

Non. Quand on m’a approchée pour être sous-ministre adjointe à l’Éducation postsecondaire, je ne m'attendais pas à ça. J'étais alors directrice au niveau des programmes en santé mentale et j'aimais beaucoup mon travail. Après six mois en poste, je me suis dit « dans quoi me suis-je embarquée ? » Mais, j'ai roulé mes manches et je me suis dit, on va apprendre. Par la suite, on m’a proposé un poste de sous-ministre. Il y a bien sûr des gens qui doutaient qu’une infirmière puisse devenir sous-ministre. Je ne voyais pas pourquoi pas. C’était l’occasion de tenter d'influencer au niveau des politiques, de contribuer au développement de politiques sociales, de politiques qui favorisent l'amélioration de la santé. Ce défi a été toute une expérience. J'ai toujours eu comme philosophie de saisir toute occasion pour apprendre. Puis chaque emploi m'a préparé pour le prochain.

À quels moments dans votre carrière avez-vous senti que vous avez pu faire les plus grands changements, les plus grandes améliorations concrètes dans la société?

Il n’y a rien en particulier qui me vient à l’esprit. Quand je regarde mon cheminement, je me dis que j'ai contribué au meilleur de moi-même aux différentes étapes de ma carrière. Une chose est demeurée constante : mon désir d’améliorer le sort des gens, de ceux pour qui on travaille. Je me rappelle de moments où il y avait des fermetures d'usines et ça éprouvait durement des communautés. Il y en avait une qui était en train de se détruire à cause de la perte des régimes de retraite. J’étais alors sous ministre de l’Enseignement postsecondaire, Emploi et Travail et on avait préparé un projet de loi pour maintenir les régimes de retraite. Ce sont des moments où tu contribues et tu essaies justement de venir en aide à des gens qui font face à des situations très difficiles. Dans ce cas-ci, ça affectait gravement la santé de certaines personnes qui devenaient suicidaires à cause de leur perte. Il fallait trouver des moyens de les aider. Je ne sais pas si j’ai eu un gros impact, mais j’ai pris part à des démarches qui ont pu améliorer la vie de citoyennes et citoyens.

Quelles ont été vos sources d’inspiration et comment avez-vous maintenu votre motivation et votre énergie pour poursuivre votre brillant parcours?

Je crois que c'est dans ma nature. Même quand j'étais adolescente, je me suis impliquée dans le travail, dans la communauté. J'ai toujours voulu être une citoyenne engagée. Dès que je suis devenue infirmière, j’ai participé dans des causes communautaires, que ce soient les mauvais traitements envers les enfants ou la violence familiale. J'avais toujours ce désir d'accomplissement. J'aimais les changements, pas la routine.

Si vous aviez la chance de parler à Rachel Maillet quand elle avait 20 ans, quels conseils lui donneriez-vous?

Je dirais à la Rachel de 20 ans la même chose que je dis aujourd’hui aux infirmières praticiennes qui font leur formation : l’important, c'est de s'engager, de contribuer au sein de la collectivité. Puis, il faut aimer ce qu'on fait. En rétrospective, je constate que lorsque je sentais que je n'avais plus rien à contribuer et que je commençais à être négative, c'est là que je me posais la question : est-ce le temps de passer à autre chose?

Est-ce qu'il y a eu des moments de frustration, des occasions où les choses n’avançaient pas aussi vite que vous l’auriez voulu?

Oui, c'est sûr qu'il y en a, mais encore là, quand je vivais ces états d'âme, j’essayais de déterminer ce qui me dérangeait dans cette situation. Et puis souvent, les grandes frustrations, surviennent parce qu'on place des attentes sur les autres alors qu'on ne devrait pas. Même si parfois c’est difficile, il ne faut pas personnaliser, sinon, ça devient négatif. Et il faut apprendre à pardonner. On m’a déjà posé la question : « si tu avais à recommencer, irais-tu en science infirmière? » La réponse est oui. Ma formation en science infirmière m'a donné tout ce que je voulais pour être capable de progresser, de m’épanouir et d'avoir la carrière que je voulais. Comme infirmière, j'ai fait beaucoup de choses. J'ai adoré ça. Puis j’ai encore de l’énergie pour de beaux projets.

vidéo hommage

L’Ordre du mérite

L’Ordre du mérite est une distinction honorifique remise chaque année afin de reconnaître la contribution exceptionnelle d’une personne diplômée, qui, par ses activités professionnelles et ses actions sociales, fait honneur à l’Université de Moncton et à sa profession.

La période de mise en candidature pour les Prix d’excellence 2025 de L’alUMni sera lancée à la fin février 2025.

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