


KAMYLLE FRENETTE
B. ès sciences, biologie
Récipiendaire du
Prix Émergence 2024

Originaire de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, Kamylle Frenette est une athlète accomplie. Son parcours est un exemple d’excellence académique et de succès sportif, illustrant à la perfection l’art de jongler entre les défis professionnels et les aspirations sportives.
En septembre dernier, tous les yeux étaient rivés sur la jeune athlète qui a fait honneur au pays et à l’Acadie lors de sa participation aux Jeux paralympiques de Paris, où elle a décroché une quatrième place en paratriathlon.

Il s’agissait pour Kamylle de sa deuxième participation à cet événement d’envergure puisqu’elle a porté fièrement les couleurs du Canada lors des Jeux paralympiques de Tokyo en 2021.
Ses débuts en paratriathlon sur la scène internationale ont été fracassants. En quelques années seulement, Kamylle a récolté de nombreuses médailles, dont plusieurs victoires en Coupe du monde, lui donnant une forte présence dans l’élite mondiale sportive.
De 2014 à 2018, l’athlète acadienne a évolué dans l’équipe de cross-country des Aigles de l’Université de Moncton, alors qu’elle complétait un baccalauréat en biologie.
Ses nombreuses compétitions ne l’ont pas empêchée de poursuive ses études et d’obtenir, en 2022, un doctorat en pharmacie à l’Université Dalhousie à Halifax.
Félicitations pour vos exploits aux Jeux paralympiques de Paris en août dernier. Il s’agissait de vos deuxièmes Olympiques, après ceux de Tokyo en 2021. Que représentent pour vous ces moments?

Ma participation aux Jeux de Paris a été un moment fort spécial, surtout que, cette fois-ci, ma famille a pu m’accompagner, ainsi que des amis, ce qui n’avait pas été possible à Tokyo. Prendre part aux Olympiques constitue une récompense inestimable de tous les efforts déployés au fil des ans. Il y a eu des jours avec beaucoup de stress, mais aussi d’autres avec beaucoup de moments de pur bonheur.
Aux Jeux de Tokyo, vous êtes passée tout près du podium là aussi, en quatrième position, soit la même qu'à Paris. Maintenant, plusieurs semaines après l’événement, comment vous sentez-vous par rapport au résultat?
Après les Jeux de Tokyo, j'avais vraiment comme objectif d’atteindre le podium à Paris. Donc, c'est une déception, je ne vais pas le cacher. J’avais eu une très bonne saison et je me sentais confiante. Mais je dois dire que ce n’était pas ma meilleure journée et la compétition était féroce. Même si je suis un peu déçue et que j’ai un petit deuil à faire, je suis quand même très fière de la quatrième place.

Dans sa chambre à Tokyo
Vous avez dit dans une autre entrevue que vous vous étiez peut-être trop entraînée pendant les derniers mois et que vous étiez arrivée à Paris plus épuisée que vous auriez dû l’être?
C'est toujours un équilibre qui est difficile à trouver. J’étais dans une situation où je ne me rappelais plus la dernière journée sans entrainement. Il y avait donc une fatigue physique et mentale qui s’était installée. C’était ma première année aussi chargée et c'était peut-être un peu trop pour moi. Mais je suis vraiment contente de l'avoir essayé et d'avoir couru ce risque-là.
Au sujet de votre passage à l’Université de Moncton, quels sont vos souvenirs des années passées avec l’équipe de cross-country des Aigles?
Je garde de merveilleux souvenirs de mon passage à l’Université de Moncton. J’y ai tissé de beaux liens et j’ai encore de très bons amis qui faisaient partie de l'équipe de cross-country de l’époque. C’est là aussi que j’ai connu Shane Dobson, un super athlète qui a participé aux Jeux de Rio en 2016. C’est un peu lui qui m'a fait connaître les Jeux paralympiques. Toute l’expérience que j’ai acquise à ce moment de ma vie m’a sans doute convaincue de continuer et de rêver grand.
Quel était votre champ d’études à l’Université et comment votre séjour vous a-t-il préparée pour ce qui est venu par la suite?
J’ai fait mon baccalauréat en biologie tout en faisant partie d’une équipe sportive universitaire et j’avoue que cela a été très formateur. J’ai vu que j'aimais l’entraînement et que j'aimais repousser mes limites. Puis, cela m'a aussi montré qu’avec de la discipline je pouvais concilier ces deux aspects de ma vie : pratiquer du sport élite tout en continuant à étudier. Ces années m’ont bien préparée pour la suite lorsque j’ai fait le saut et que j'ai rejoint l’Équipe Canada en paratriathlon tout en faisant mes études en pharmacie. Je dois admettre que tout cela me demandait d’être très organisée. Je crois que c’est important de bouger pendant qu'on étudie et que c'est important de faire autre chose que de l'entraînement.
Vous avez vécu la compétition sportive traditionnelle et celle du parasport. Comment les deux expériences se comparent-elles et se distinguent-elles selon vous?
Il n'y a pas vraiment de différence, je pense. Dans le fond, c'est du sport et ce sont des athlètes qui se poussent à leur maximum. C’est sûr que côté « para », les athlètes ont un petit désavantage, mais on essaie tous d’atteindre notre plein potentiel. Être sur une ligne de départ, c’est un stress pour n’importe qui.
Mais lorsqu’on est dans un stade olympique et qu’on vise une médaille, le stress doit augmenter d’un cran?
Absolument! Quand ça fait des années que tu t’entraînes, que tu vises une médaille et que le grand jour arrive, c’est certain que c’est pas mal plus stressant.
Et être dans la mire médiatique depuis déjà quelques années, avec le Championnat mondial de Dubaï en 2022, cela a un effet sur l’entraînement, sur la pression?
Oui, mais d’un autre côté, je suis vraiment contente que les médias et le public s'intéressent de plus en plus au sport paralympique. Cela ajoute sans doute un peu de pression, mais le jeu en vaut la chandelle.
Quelle est la suite des choses? L’entraînement se poursuit ou bien vous prenez une pause?
Depuis environ huit ans, toute ma vie gravite autour de la préparation pour les jeux de Tokyo et ensuite ceux de Paris. Pour moi, pour ma famille, cela exige beaucoup d’énergie et de compromis. Je suis pharmacienne et jusqu’à présent je n'ai pas vraiment eu la chance de m’immerger pleinement dans ma profession en raison de mes déplacements constants. J'ai donc le goût d'avoir un peu de stabilité, d'être à la maison. C’est sûr que je vais toujours m'entrainer, j'adore ça, mais je m’accorde un répit.
Êtes-vous rendue à l’étape de réfléchir à la possibilité de poursuivre ou non la compétition?
Je ne suis pas encore arrivée là. Je prends juste une pause. Je prends le temps de faire autre chose et à un moment donné, je devrai me questionner, puis prendre une décision. Mais rien ne presse. Même si je prenais une année complètement hors de la compétition, ça ne serait pas la fin du monde. Il y aurait assez de temps pour me qualifier [pour les prochains Jeux olympiques].
vidéo hommage

Le prix Émergence
Institué en 2008, le prix Émergence récompense une personne diplômée de l'Université de Moncton, âgée de 35 ans ou moins, qui se démarque par son sens du leadership, ses réalisations dans sa carrière naissante et sa contribution à la société.
La période de mise en candidature pour les Prix d’excellence 2025 de L’alUMni sera lancée à la fin février 2025.