Démystifier l'histoire de l'Acadie
MARIO DOUCETTE
B.A.A. 1993
Dans le domaine des arts visuels en Acadie et au Canada, Mario Doucette fait partie des incontournables. Originaire de Moncton, et y vivant toujours, cet artiste peintre a acquis, au cours des 25 dernières années, une notoriété enviable, résultat d’efforts soutenus et d’un travail assidu. Les observateurs soulignent « sa force, son audace et sa vision unique. »
En plus d’être peintre, il travaille aussi en art vidéo, en animation numérique, en performance et en création de films Super 8. Lors de la dernière édition du Festival international du cinéma francophone en Acadie, au début novembre, Mario a d’ailleurs présenté un film intitulé Le musée lors de la soirée « Séances éphémères » dans le cadre du volet arts médiatiques.
Reconnaissance des pairs
L’excellence de la démarche artistique de Mario Doucette a été récompensée à maintes reprises. Finaliste du prix Sobey pour les arts, la plus haute distinction dans le domaine de l’art contemporain au Canada, premier lauréat de la bourse Marie-Hélène Allain de la Fondation Sheila Hugh Mackay, il a également obtenu plusieurs bourses de création du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts du Nouveau-Brunswick. En 2018, il a remporté l’Éloize de l’artiste de l’année en arts visuels.
Ses œuvres font partie de plusieurs collections privées et publiques au Canada, qu’il s’agisse du Musée des beaux-arts du Canada, de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada, de la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen de l’Université de Moncton, du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée des beaux-arts Beaverbrook, de la Galerie d’art de la Nouvelle-Écosse ou encore du Musée d’art contemporain de Baie‑Saint-Paul.
Prendre son élan dans le monde artistique
Au début des années 1990, lorsque vint le temps de choisir un programme d’études universitaires, Mario Doucette raconte avoir été déchiré entre son intérêt pour les arts visuels et celui pour l’informatique, un secteur alors en pleine expansion. Son choix se posera sur un B.A.A. avec une concentration en systèmes d’information organisationnels.
« J’ai toujours beaucoup dessiné, mais à 18 ans je ne croyais pas que ce que je faisais c’était de l’art. J’avais l’impression qu’il fallait être un Picasso pour s’inscrire à un baccalauréat en arts visuels. »
MARIO DOUCETTE
Ses années à l’Université de Moncton seront néanmoins déterminantes dans son parcours artistique.
« Durant mes années au bac, je me suis lié d’amitié avec plusieurs personnes qui étudiaient en arts visuels et j’ai beaucoup fréquenté le Département. J’éprouvais une grande affinité avec ce milieu et je m’y sentais bien. »
Lors de sa troisième année d’études en informatique, après des tractations laborieuses, il réussit à s’inscrire à un cours de peinture donné par l’artiste de renom Roméo Savoie.
« Le cours a été un déclic pour moi. Roméo Savoie a agi comme un catalyseur, il m’a donné l’assurance dont j’avais besoin pour continuer mon exploration artistique naissante. »
Au fil des années, Mario Doucette n’a pas raté une occasion de parfaire sa formation artistique. Il a pu compter sur de formidables professeurs et mentors pour approfondir son art.
De 1997 à 2000, il a dirigé la Galerie Sans Nom, un centre d’artistes autogéré qui explore les pratiques expérimentales et d’art actuel situé au Centre culturel Aberdeen.
Première exposition
C’est en 1998 que Mario présente sa première exposition Combats à la mode à la Galerie Sans Nom. S’ensuivront une vingtaine d’expositions solos et une cinquantaine d’expositions de groupe à l’échelle nationale et internationale.
En ce moment, par exemple, il participe à l’exposition nationale virtuelle 150 ans | 150 œuvres : l’art au Canada comme acte d’histoire, en montre jusqu’en mai 2023, où il côtoie de grands peintres canadiens, tels que Jean-Paul Riopelle, Alex Colville, Cornelius Krieghoff, Emily Carr, Paul-Émile Borduas, pour n’en nommer que quelques‑uns. Cette exposition, organisée par la galerie de l’Université du Québec à Montréal, revisite l’histoire canadienne en l’illustrant de 150 œuvres d’art qui l’ont, en quelque sorte, construite ou transformée en un siècle et demi.
Tracer de nouvelles perspectives historiques
Depuis 2004, l’histoire de l’Acadie est devenue le sujet de prédilection de Mario Doucette, une source d’inspiration inépuisable. C’est lors d’une résidence d’artiste à Brouage, en France, qu’il a eu une véritable révélation pour l’histoire acadienne et ses mythes. Il s’agit là d’un terreau fertile pour l’artiste.
« Je remets en question la perception de l’histoire. Je remets en question le narratif véhiculé par les vainqueurs dans la création de l’histoire officielle qui trop souvent dépeint le portrait d’un peuple martyr ayant subi le Grand Dérangement de façon soumise et pacifique. »
La Dispersion des Acadiens (d'après Henri Beau) 2015-2016
Nourri par ses recherches, Mario Doucette propose dans ses œuvres, une vision moins romancée de l’histoire de l’Acadie et il se plaît à réinterpréter des tableaux anciens d’artistes du 19e siècle, tels que Henri Beau ou encore sir Frank Dicksee inspirés par le poème épique Évangéline de Longfellow.
Melpomène accueille Henry Wadsworth Longfellow, 2014
Et si on refaisait l’histoire : La République acadienne
C’est en 1998 que Mario présente sa première exposition Combats à la mode à la Galerie Sans Nom. S’ensuivront une vingtaine d’expositions solos et une cinquantaine d’expositions de groupe à l’échelle nationale et internationale.
Pendant la COVID, Mario Doucette a conçu un nouveau projet qui suscite beaucoup d’engouement : La République acadienne. Dans cette œuvre conceptuelle d’une grande originalité, il propose un dénouement différent à l’histoire de l’Acadie, une version alternative.
La République acadienne, imaginée par l’artiste possède son drapeau, sa citoyenneté, sa monnaie, ses timbres-poste et sa représentation à l’étranger.
Harias
Mario Doucette poursuit inlassablement sa démarche artistique originale. Il prépare en ce moment une nouvelle série de tableaux grand format de style réaliste pour une importante exposition au Musée des beaux-arts Beaverbrook intitulée Harias. Il s’agit d’un travail de longue haleine et minutieux, qui exige beaucoup de recherche et de préparation préalable, mais Mario y voit surtout là un défi très stimulant.